Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/369

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Kersac.

Mais pas du tout ; je veux du beau, moi.

Le commis.

Du beau pour une fille de ferme, monsieur, c’est du bon marché.

Kersac.

Mais quand je vous dis que je veux du vrai beau. Cette fille de ferme sera ma femme, monsieur ; et c’est un châle de noces que je vous demande.

Le commis.

Faites excuse, monsieur ; je ne savais pas bien ce que voulait monsieur. Du moment que c’est pour madame !… Brindé, le paquet châles français, belle qualité. »

Kersac était content ; le commis lui déploya des châles longs, des châles carrés, des châles de toutes les couleurs.

« En voilà un bien beau, monsieur, dit Jean en désignant un châle rouge vif.

Kersac.

Superbe, mais… les taureaux… qui n’aiment pas le rouge ! et j’en ai, moi, des taureaux !… Et puis, vois-tu, ta mère n’est pas de la première jeunesse.

Le commis.

Et celui-ci, monsieur ? (Montrant un fond vert.)

Kersac.

Joli, très joli ! Mais… vert… ça passe. Les fonds noirs sont plus solides. En voici un qui est joli ! fameusement joli ! Quel prix, monsieur ?