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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/37

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voyait à maman des consolations et du bonheur… Je vois des traces de larmes dans tes yeux, pauvre Jeannot ; viens prier, tu seras consolé et fortifié comme moi.

Jeannot.

Pour qui veux-tu que je prie ? je n’ai pas de mère.

Jean.

Prie pour ta tante, qui t’a gardé trois ans.

Jeannot.

Bah ! ma tante ! ce n’est pas la peine.

Jean.

Ce n’est pas bien ce que tu dis là, Jeannot. Prie alors pour toi-même, si tu ne veux pas prier pour les autres.

Jeannot.

Pour moi ? c’est bien inutile. Je suis malheureux, et, quoi que je fasse, je serai toujours malheureux. D’ailleurs tout m’est égal.

Jean.

Tu n’es malheureux que parce que tu veux l’être. Excepté que j’ai maman et que tu as ma tante, nous sommes absolument de même pour tout. Je me trouve heureux, et toi tu te plains de tout.

Jeannot.

Nous ne sommes pas de même ; ainsi tu as je ne sais combien d’argent, et moi je n’ai que deux francs.

Jean.

Si ton malheur ne tient qu’à ça, je vais bien vite te le faire passer, car je vais partager avec toi.