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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/378

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Kersac se remit dans le fauteuil inoccupé et prit la main de l’enfant.

« C’est singulier, dit Roger au bout d’un instant ; quand vous me tenez la main, je me sens mieux ; c’est comme quelque chose de doux, de tranquille, qui court sur moi et dans mes veines. C’est la même chose quand M. Abel prend ma main. Pas les autres. Pourquoi cela ?

Kersac.

C’est probablement que nous vous passons un peu de notre force, monsieur Roger, et ça chasse le mal.

Roger.

Alors pouvez-vous rester un petit instant ? Je sens comme si une crise allait venir ; peut-être la ferez-vous passer.

Kersac.

Ah ! si je le pouvais, pauvre petit monsieur Roger, je resterais là sans en bouger ! »

Roger pressa légèrement la main ou plutôt un doigt de Kersac, lui jeta un regard reconnaissant et ferma ses yeux fatigués. Quelques instants après, il dormait.

Ni M. de Grignan, ni Kersac, ni Jean n’osaient bouger ; au bout d’un quart d’heure la porte s’entr’ouvrit doucement et Abel entra. M. de Grignan lui fit un geste suppliant en montrant son fils endormi. Abel comprit ; il resta debout et immobile, regardant l’enfant et Kersac. Puis il tira un crayon et un album de sa poche et se mit à dessiner. Il avait fini, et Roger dormait toujours. Il dormit