Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/387

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trot ! Laissez aller, cocher ! Ne retenez pas ! Laissez aller ! »

M. Abel riait, mais il eût préféré moins d’admiration pour son cheval et une tenue plus calme. On ne tarda pas à arriver ; la noce descendait de voiture. Le maire, prévenu de la veille, connaissait beaucoup M. Abel ; il vint à sa rencontre, et commença immédiatement la lecture des actes. Chacun se rengorgea quand le maire, lisant les noms et qualités des témoins, arriva à M. Abel-Charles N…, officier de la Légion d’honneur, grand-cordon de Sainte-Anne de Russie, commandeur de l’Aigle noir de Prusse, commandeur de Charles III d’Espagne, etc., etc.

Faire partie d’une noce assistée par un pareil témoin était un honneur rare, un bonheur sans égal. Quand on eut fini à la mairie, on retourna aux voitures ; nouveau sujet de gloire pour ceux qui occupaient les voitures fournies par M. Abel. Kersac allait recommencer son examen du cheval.

« Belle robe ! commença-t-il. Bai cerise ! Jolie encolure ! Beau poitrail bien développé !

M. Abel.

Montez, montez, mon cher ; pour le coup, il ne faut pas que nous soyons en retard. Notre entrée à l’église serait manquée ; songez donc que je donne le bras à Mme Amédée. »

Kersac monta, mais ne détacha pas les yeux de dessus le cheval. L’entrée fut belle et majestueuse ; la mariée était jolie ; le marié était beau ; les parents étaient bien conservés ; les témoins étaient