Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/405

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Abel.

Ne vous effrayez pas, madame ! Ce n’est rien ! Notre malheureux ami !… Là, là, Caïn ! Là. Sois bon garçon… Il est fou, madame ; et il devient fou furieux quand il voit un visage qui lui déplaît… Voyons ! Seth, tiens-le ; il va nous échapper.

La petite dame.

Mon Dieu ! il va me faire du mal.

Abel.

J’espère que non, madame ! Soyez tranquille ! Nous le tenons. Mais, dans ses accès, il a une force herculéenne. Quatre hommes vigoureux en viennent difficilement à bout.

La petite dame.

Et que fait-il alors ?

Abel.

Il est terrible quand il parvient à s’échapper ; il met tout en pièces… Voyons, voyons ! Seth, tiens-le donc ! Il m’échappe.

Seth.

Je ne peux pas. Il est plus fort que moi.

La petite dame.

Mon Dieu, mon Dieu, au secours ! »

Kersac, qui n’était pas dans la confidence, s’élança sur Caïn ; il le maintint si vigoureusement, que celui-ci éclata de rire. Kersac, debout devant la petite dame, piétinait sa robe, sa cage, écrasait son chapeau avec ses reins, qui avaient à peine la place de se mouvoir ; plus Kersac serrait Caïn, plus celui-ci riait et cherchait à se dégager de cet étau. La cage de la grosse petite dame était en pièces ; sa