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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/407

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pouvoir se relever ; deux fois il essaya, deux fois il retomba.

« Au secours ! j’étouffe ! » s’écria la dame.

M. Abel eut pitié d’elle ; il enleva Kersac de sa poigne vigoureuse, aida la petite dame à s’arranger tant bien que mal. Elle avait eu à peine le temps de remettre en place nattes, chignon et crépons, et de rattacher sa robe avec quelques épingles, que le convoi arrêta ; la dame ouvrit la portière et se précipita hors du wagon ; le désordre de sa toilette attira tous les regards ; elle disparut, mais, peu d’instants après, un employé ouvrit la portière.

« Messieurs, dit-il, qu’avez-vous fait à cette dame qui vient de quitter le wagon ? Elle se plaint d’un fou qui a manqué la mettre en pièces. Avez-vous réellement un fou parmi vous ?

Caïn.

Mais pas du tout ; c’est elle qui est folle, qui se jette sur les gens, qui crie, qui croit qu’on va la massacrer.

L’employé.

Cela me paraît louche, tout de même ; sa robe est terriblement fripée ; son chapeau est bien déformé ; sa cage est toute démantibulée.

Caïn, riant.

Pas de mal, employé ! Pas de mal ! Elle ne se plaint pas de nous, allez. Voulez-vous un cigare ? Et un fameux. »

Il présenta une couple de cigares à l’employé, qui hésita, hocha la tête, finit par accepter, et referma le wagon en disant :