Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/62

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créé et comme maman m’a élevé. Je n’y ai pas de mérite, assurément. Le pauvre Jeannot, monsieur, il est un peu en dessous, un peu timide, parce qu’il a perdu sa mère, qui était ma tante ; c’est ça qui l’a aigri.

L’homme.

Tant pis pour lui. Je ne veux seulement pas le regarder ; son visage pleurard n’est pas agréable à l’œil ni doux au cœur. Et quant à ce que disait ce polisson, qu’il ne savait pas qui j’étais, je m’en vais te le dire, moi. Je suis un fermier d’auprès de Sainte-Anne ; je vais à Vannes pour acheter des porcs, et je m’appelle Kersac.

Jean.

Merci, monsieur Kersac ; nous sommes heureux de vous avoir rencontré. C’est une journée de route que vous nous avez épargnée.

Kersac.

Je puis faire mieux que ça. Je passe deux heures à Vannes ; j’en repars vers cinq heures pour aller à six lieues plus loin, à Malansac. Je puis vous mener jusque-là ; ce sera encore une journée de sauvée. Nous serons avant huit heures à Malansac, où je couche ; pour le coup, mon cheval aura fait ses douze lieues et bien gagné son avoine.

Jean, tout joyeux.

Merci bien, monsieur. Si nous faisons souvent des rencontres comme celle d’aujourd’hui, nous ne tarderons pas à arriver à Paris… Remercie donc, Jeannot.