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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/87

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non par mauvaise volonté, mais parce qu’ils ne pourraient pas faire autrement ; et c’est triste d’être hors de chez soi sans pouvoir mettre un pied l’un devant l’autre, et personne pour vous donner ce qui vous manque et pour vous aider à passer le temps.

Kersac.

Et ton voyage à Paris ? et ton frère Simon ?

Jean.

Mon voyage durera quelques jours de plus, monsieur, voilà tout. Et mon frère sait bien que lorsqu’on fait la route à pied, on n’arrive pas à jour fixe ; il nous attend à un mois près. Et ainsi, monsieur, si je ne vous suis pas désagréable, si vous voulez bien accepter mes services, je serai bien heureux de vous être utile.

Kersac.

Quant à m’être désagréable, mon ami, tu m’es, au contraire, fort agréable ; j’accepte tes services et je t’en remercie d’avance. Et je commence par te demander un verre d’eau, car je meurs de soif. »

Jean alla chercher de l’eau ; on lui donna un cruchon plein et un verre. Quand Kersac eut bu ses deux verres d’eau, il songea à dîner.

Kersac.

« Tu me demanderas quelque chose de léger, à cause de ma chute. Une soupe aux choux et au lard, et un fricot à l’ail. »

Jean allait sortir ; Kersac le rappela.

« Et toi donc, mon garçon, tu n’as pas dîné ? Demande pour deux ; nous mangerons ensemble.