Aller au contenu

Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

j’ai du malheur et qu’il ne m’arrive jamais rien de bon.

Jean.

Laisse donc ! du malheur ! pas plus que moi ? Tu te figures toutes sortes de choses ; puis tu es triste, tu as l’air mécontent et maussade ; c’est ça qui repousse, vois-tu !

Jeannot.

C’est pas ma faute ; c’est mon caractère comme ça. Je ne peux pas toujours rire, toujours prendre les choses gaiement, comme tu le fais, toi. Tu es gai, je suis triste. Tu as confiance en tout le monde, moi je me défie. Je ne peux pas faire autrement.

Jean.

Défie-toi si tu veux, gémis tout bas, mais sois obligeant et agréable aux autres… Portons nos plats ; les voici tout prêts sur le fourneau. »

Jean prit la soupe aux choux et le cidre ; Jeannot prit le fricot ; Kersac les attendait avec impatience.

Kersac.

Enfin ! voilà notre souper ; ne perdons pas de temps ; j’ai une faim d’enragé. »

Kersac prouva la vérité de ces paroles en mangeant comme un affamé, Jean et Jeannot lui tinrent compagnie ; quand le repas fut terminé, il ne restait plus rien dans les plats, rien dans les carafes. Jean et Jeannot desservirent la table et reportèrent le tout à la cuisine.

Lorsque Jean rentra, il dit à Kersac que Jeannot