Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/95

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de la nuit ? Tout le monde est couché ; il faut attendre au jour.

Jean.

En attendant le jour, qui sera long à venir, monsieur, je vais pouvoir vous soulager, peut-être. Quand il y avait une foulure dans le village, c’est à maman qu’on venait, et on était guéri en peu de temps. Vous allez voir ; je vais vous masser le pied foulé, comme faisait maman et comme elle m’a montré à le faire ; dans une demi-heure vous ne sentirez plus le mal. »

Malgré la résistance de Kersac, qui n’avait pas foi dans ce remède, Jean s’empara du pied douloureux, et, quoiqu’ils fussent dans l’obscurité, il put employer le massage avec le plus grand succès, car, au bout de trois quarts d’heure, le pied, dégonflé, n’occasionnait plus aucune souffrance, et Kersac dormait profondément. Lorsque Jean vit l’heureux effet qu’il avait obtenu, il recouvrit avec précaution le pied, presque entièrement dégonflé, se recoucha sur ses trois chaises et dormit si bien, qu’il ne s’éveilla qu’au bruit qui se faisait dans la maison.

Il faisait grand jour depuis longtemps ; l’horloge de la salle sonna six heures. Jean sauta à terre et vit Kersac qui le regardait.

Kersac.

J’avais hâte de te voir réveillé, mon ami, pour te remercier du bien que tu m’as fait ; c’est que j’ai dormi tout d’un trait depuis que tu m’as enlevé mon mal !