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Page:Ségur - L’auberge de l’ange gardien.djvu/155

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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

Jacques et Paul étaient dans le ravissement et poussaient des cris de joie à chaque nouvel objet que leur faisait voir le général. Les montres surtout excitaient leur admiration. Le général en prit une de moyenne grandeur, y attacha la belle chaîne d’or qui était faite pour elle, mit le tout dans un écrin ou boîte en maroquin rouge et dit à Jacques :

« Celle-là, c’est celle que ton bon ami donnera à tante Elfy. Et puis, ces deux-là, dit-il en retirant de la cassette deux montres avec des chaînes moins belles et moins élégantes, ce sont les vôtres que vous donne votre bon ami. Mais ne dites pas que je vous les ai fait voir ; il me gronderait.

JACQUES.

C’est vous, mon bon général, qui nous les donnez.

LE GÉNÉRAL.

Non, vrai, c’est Moutier ; c’est son présent de noces.

JACQUES.

Mais quand donc les a-t-il achetées ? Et avec quoi ? Il disait tantôt qu’il était pauvre, qu’il n’avait pas d’argent.

LE GÉNÉRAL.

Précisément ! Il n’a pas d’argent, parce qu’il a tout dépensé.

JACQUES.

Mais pourquoi a-t-il dépensé tout son argent en présents de noces, puisqu’il ne voulait pas se marier, et que, sans vous, il ne se serait pas marié ?

LE GÉNÉRAL.

Précisément ! C’est pour cela. Et quand je te dis quelque chose, c’est très-impoli de ne pas me croire.