Page:Ségur - L’auberge de l’ange gardien.djvu/196

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le suivit des yeux avec intérêt et ne se mit en route que lorsqu’il eut entendu Jacques dire à madame Blidot :

« Maman, M. le curé est très content de moi. »

Jacques fit voir ses notes et celles de Paul ; elles étaient si bonnes que le général voulut absolument leur donner à chacun une pièce d’or.

« Prenez, mes enfants, prenez, dit-il ; c’est l’adieu du prisonnier ; ce ne serait pas bien de me refuser parce que je ne suis qu’un pauvre prisonnier.

JACQUES.

Oh ! mon bon général, comment pouvez-vous croire ?… vous qui êtes si bon.

LE GÉNÉRAL.

Alors prenez. » Et il leur mit à chacun la pièce d’or dans leur poche.

La journée s’acheva gravement ; le général était pressé de partir et allait sans cesse déranger ses affaires, sous prétexte de les arranger. Moutier et Elfy étaient tristes de se quitter. Madame Blidot était triste de leur tristesse. Jacques regrettait son ami Moutier et même le général qui avait été si bon pour lui et pour Paul. On se sépara en soupirant, chacun alla se coucher. Le lendemain on se réunit pour déjeuner ; il fallait partir avant neuf heures pour arriver à temps.

« Allons, dit le général se levant le premier, adieu, mes bonnes hôtesses, et à revoir. »

Il embrassa madame Blidot, Elfy, les enfants et se dirigea vers la porte. Moutier fit comme lui ses adieux, mais avec plus de tendresse et d’émotion. Et il suivit le général en jetant un dernier regard sur Elfy.