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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

JACQUES.

Comment vous appelez-vous ?

L’HOMME.

Je m’appelle Moutier.

JACQUES.

Je n’oublierai jamais votre nom, monsieur Moutier.

MOUTIER.

Je n’oublierai pas non plus le tien, mon petit Jacques ; tu es un brave enfant, un bon frère. »

Depuis que Jacques était sur les épaules de Moutier, celui-ci marchait beaucoup plus vite. Ils ne tardèrent pas à arriver dans un village à l’entrée duquel il aperçut une bonne auberge. Moutier s’arrêta à la porte.

« Y a-t-il du logement pour moi, pour ces mioches et pour mon chien ? demanda-t-il.

— Je loge les hommes, mais pas les bêtes, répondit l’aubergiste.

— Alors vous n’aurez ni l’homme ni sa suite, » dit Moutier en continuant sa route.

L’aubergiste le regarda s’éloigner avec dépit ; il pensa qu’il avait eu tort de renvoyer un homme qui semblait tenir à son chien et à ses enfants, et qui aurait peut-être bien payé.

« Monsieur ! Hé ! monsieur le voyageur ! cria-t-il en courant après lui.

— Que me voulez-vous ? dit Moutier en se retournant.

L’AUBERGISTE.

J’ai du logement, Monsieur, j’ai tout ce qu’il vous faut.

MOUTIER.

Gardez-le pour vous, mon bonhomme, le premier mot, c’est tout pour moi.