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Page:Ségur - L’auberge de l’ange gardien.djvu/222

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discussions du général avec les employés, avec ses voisins du wagon, avec les garçons de table d’hôte. On finissait toujours par rire de lui et avec lui, et par y gagner soit une pièce d’or, soit un beau fruit, ou un verre de Champagne ; ou même une invitation à visiter sa terre de Gromiline, près Smolensk…, quand il ne serait plus prisonnier.

Ils arriveront aux eaux de Bagnols, près d’Alençon.

En quittant la gare, le soldat voulut prendre congé du général.

LE GÉNÉRAL.

Comment ! Pourquoi voulez-vous me quitter ? Vous ai-je dit ou fait quelque sottise ? Me trouvez-vous trop ridicule pour rester avec moi ?

LE SOLDAT.

Pour ça, non, mon général ; mais je crains d’avoir déjà été bien indiscret en acceptant toutes vos bontés, et…

LE GÉNÉRAL.

Et, pour m’en remercier, vous me plantez là comme un vieil invalide plus bon à rien. Merci, mon cher, grand merci.

LE SOLDAT.

Mon général, je serais très heureux de rester avec vous.

LE GÉNÉRAL.

Alors, restez-y, que diantre ! »

Le soldat regardait d’un air indécis Moutier, qui retenait un sourire et qui lui fit signe d’accepter. Le général les observait tous deux, et, avant que le soldat eût parlé :

LE GÉNÉRAL.

À la bonne heure ! c’est très bien. Vous restez à