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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

et dans mon cœur. Vous savez bien que c’est elle qui vous a envoyé pour nous sauver, Paul et moi ; il faut encore sauver ce petit malheureux.

— C’est bien, mon brave petit ; j’y vais ; tu vas m’y mener. »

Moutier le suivit après avoir demandé à Elfy de garder Paul, qui ne marchait pas assez vite. Jacques le mena en courant sur la route, où ils trouvèrent le petit garçon que Moutier reconnut tout de suite ; c’était Torchonnet, le pauvre souffre-douleur du méchant aubergiste Bournier. Il s’en approcha d’un air de compassion, releva le sac, l’examina, tira de la poche de sa veste une aiguille et du gros fil, comme les soldats ont l’habitude d’en avoir, raccommoda les trous, et, tout en causant, demanda au petit : « N’y a-t-il pas moyen d’apporter le charbon sans traverser le village et sans être vu de ton maître, mon pauvre garçon ? Je n’aimerais pas à rencontrer ce mauvais homme ; je craindrais de me laisser aller à lui donner une roulée qui ne serait pas d’un très-bon effet.

LE GARÇON.

Oui, Monsieur, on peut passer derrière les maisons, et vider le sac dans le charbonnier qui se trouve adossé au hangar par dehors.

— Alors en route, mon ami, » dit Moutier en chargeant le sac sur ses épaules.

Torchonnet regarda avec admiration.

« Oh ! Monsieur, mon bon monsieur ! Dites bien à la sainte Vierge combien je la remercie de vous avoir envoyé. Cette bonne sainte Vierge !… Ce petit avait raison tout de même, ajouta-t-il en regardant Jacques d’un air joyeux.

— Je t’avais bien dit, » reprit Jacques avec bonheur.

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