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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

ELFY.

Non, non ; il faut qu’il apprenne son service convenablement. Il ne demande pas mieux, c’est facile à voir ; mais il ne sait pas ; c’est pourquoi il faut lui dire.

MOUTIER.

Merci, mademoiselle Elfy, merci ; je vois combien vous êtes bonne et que vous avez de l’amitié pour moi.

« Tu vois bien, » dit Elfy, triomphante, pendant que Moutier était reparti avec sa brassée de bois.

Madame Blidot sourit en secouant la tête…

MADAME BLIDOT.

Pense donc que nous le connaissons depuis hier seulement et que nous sommes chez nous pour servir les voyageurs et pas pour les faire travailler.

ELFY.

Mais lui n’est pas un voyageur comme un autre ; il nous a donné ces enfants qui sont si gentils, et qui vont nous faire une vie si gaie, si bonne ! C’est un présent, ça, qui se paye par l’amitié ; et moi, quand j’aime les gens, je les fais travailler. Il n’y a rien que je déteste comme les gens qui ne font rien, qui vous laissent vous échiner sans seulement vous offrir le bout du doigt pour vous aider.

« Et vous avez bien raison, mademoiselle Elfy, dit Moutier, qui avait entendu ce qu’elle disait à sa sœur. Et c’est vrai que je ne suis pas un voyageur comme un autre, car je vous dois de la reconnaissance pour la charge que vous avez bien voulu prendre ; et croyez bien que je ne suis pas d’un caractère ingrat.

ELFY, souriant.

Je le vois bien, monsieur Moutier ; vous n’avez pas