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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

« Au voleur ! à l’assassin ! »

Une douzaine de portes s’ouvrirent, des têtes épouvantées apparurent.

« Par ici, à l’auberge ! cria Moutier. Arrivez vite ; il n’y a plus de danger. »

Cette assurance donna du courage aux plus hardis. Quelques hommes armés de couteaux et de bâtons se dirigèrent, non sans trembler, vers l’auberge ; ils entrèrent avec hésitation dans la salle et se groupèrent près de la porte, n’osant avancer, dans l’incertitude des dangers qu’ils pouvaient courir encore et dans l’ignorance des événements qui se passaient.

Pendant qu’ils hésitaient et se consultaient, Elfy entra précipitamment ; elle avait entendu le coup de pistolet, l’appel de Moutier, et accourait en appelant les gens du village pour le secourir, ainsi que Jacques qu’elle croyait encore avec Moutier.

ELFY.

Que se passe-t-il ici ? Pourquoi restez-vous dans la salle ? Où est M. Moutier ? Pourquoi n’entrez-vous pas dans les appartements ?

un brave.

C’est que voyez-vous, mademoiselle Elfy, on ne sait pas ce qui peut arriver ; ce n’est pas prudent de se trop avancer sans savoir à qui on a affaire. Ce Bournier est un mauvais gueux ! On n’aime pas à se faire des querelles avec des gens comme ça.

ELFY.

Et vous laissez peut-être égorger quelqu’un de peur d’attraper un coup ou de vous faire un ennemi ? Moi, femme, j’aurai plus de courage que vous. »

Elfy, arrachant un couteau des mains d’un des trem-