Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/152

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dévorant un morceau de pain qu’elle tenait de ses mains liées ; le brigadier était debout près d’elle et ne la perdait pas de vue.

« Qu’est-ce que cela veut dire ? dit M. Delmis en entrant. Pourquoi avez-vous arrêté cette fille et pourquoi me faites-vous demander par Gribouille ?

le brigadier.

Sans urgence, je ne me serais pas permis de déranger M. le maire. J’ai su que mes camarades couraient après cette fille ; elle m’est tombée sous la main, et j’ai mis la mienne dessus. N’en sachant que faire, j’ai cru bon d’envoyer aux ordres ; et j’ai gardé la fille, la sachant futée et prévoyant une fugue si je la quittais de l’œil une minute.

le maire.

Pourquoi vos hommes couraient-ils après elle ? Qui est-ce qui leur en a donné l’ordre ?

le brigadier.

Je l’ignore. J’ai moi-même besoin d’explication ; c’est pourquoi j’ai envoyé aux ordres. La fille se cachait et m’avouait être poursuivie ; j’ai dû l’arrêter provisoirement.

le maire.

Pourquoi vous cachiez-vous, Rose ?

rose.

Pour me sauver, j’ai peur de la prison.

le maire.

Qui donc voulait vous mettre en prison ?

rose.

C’est Mme Grébu que j’ai rencontrée, qui m’a