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Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/36

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le curé en ouvrant la porte, elle se releva et lui fit signe d’approcher.

La femme Thibaut ouvrit les yeux, essaya de parler, mais ne put articuler que des mots entrecoupés : « Ma fille !… pauvre Gribouille !… Le bon Dieu… n’abandonnera pas… Je meurs… Pauvres enfants… Merci… Pardon… »

Le curé fit éloigner Caroline et Gribouille, se mit à genoux près du lit de la mère Thibaut, et lui parla bas ; elle comprit sans doute, car son visage redevint calme ; elle essaya de faire le signe de la croix et joignit les mains en portant ses regards sur le crucifix qui était en face d’elle. Le curé continua à parler et à prier ; elle lui répondait par des mots entrecoupés et par signes, et prolongea assez longtemps cet entretien, dont elle paraissait retirer une grande consolation. Le curé, craignant pourtant de fatiguer la pauvre femme, voulut s’éloigner ; le regard suppliant qu’elle lui jeta le retint près du lit ; il appela Caroline, qui pleurait avec Gribouille dans un cabinet attenant à la chambre.

« Votre mère est bien mal, ma chère enfant ; elle a eu une nouvelle attaque. Quelle est l’ordonnance du médecin en pareil cas ?

caroline.

Il y a bien des années que nous n’avons vu le médecin, monsieur le curé. Lorsque ma mère a eu la première attaque qui l’a paralysée, il a dit qu’il n’y avait rien à faire ; qu’il était inutile de l’appeler