Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/391

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chrétiens par une mère et un père chrétiens, firent la joie et l’orgueil de leurs parents.

M. Delmis continua toujours à témoigner la même amitié à Caroline et à son mari, et à y venir souvent quand l’ouvrage de la journée était fini.

Mme Delmis ne pardonna jamais à Caroline de l’avoir quittée, après avoir été initiée dans les secrets intimes de sa toilette ; ses enfants oublièrent promptement Caroline et Gribouille, quoiqu’ils eussent été très impressionnés par la mort de ce dernier.

Mme Delmis ne tarda pas à se brouiller avec ses amies, Mme Grébu, Mme Ledoux et Mme Piron ; toutes quatre se déchiraient à belles dents et s’injuriaient quand elles se rencontraient.

Rose avait été enterrée sans cérémonie dans le coin le plus reculé du cimetière, le curé seul et le brigadier avaient jeté de l’eau bénite sur sa tombe.

Le curé vécut longtemps encore : ce fut lui qui baptisa et maria les enfants de Caroline ; l’humeur toujours plus aigre de Nanon l’obligea à s’en séparer ; elle partit en grondant et se plaignant, et vécut dans sa famille d’une petite rente que lui faisait le bon curé. Pélagie prit le ménage à sa charge après le départ de Nanon ; aidée de quelques journées d’ouvrières, la maison marcha mieux et surtout plus paisiblement qu’avec Nanon. Pélagie consacra sa vie à son oncle et ne lui survécut que de quelques mois.

La mémoire de Gribouille et de son dévouement