Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/60

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tr’ouvrit les yeux, et d’une voix à peine intelligible :

« Laisse-moi,… j’ai besoin de dormir.

— Dors, pauvre frère, dit tout bas Caroline en déposant un baiser sur son front. Dors, pendant que j’irai à l’église prier le bon Dieu pour nous et pour ma mère. »

Caroline avait l’habitude d’entendre la messe chaque matin ; ce jour-là, la messe était déjà dite, l’église était déserte. Caroline s’agenouilla près de l’autel et pria de tout son cœur pour sa mère, pour son frère et pour elle-même. Elle retourna ensuite à la maison, trouva Gribouille en train de se réveiller, et se mit à préparer leur frugal déjeuner pendant qu’il se débarbouillait et s’habillait.

caroline.

As-tu fait ta prière comme tu le faisais du vivant de maman, Gribouille ?

gribouille.

Non, j’ai oublié.

caroline.

Viens, mon frère ; faisons-la ensemble près du lit vide de notre mère comme nous en avions l’habitude.

gribouille.

Pourquoi près de son lit, puisqu’elle n’y est plus, qu’elle ne nous entend plus ?

caroline.

Par respect pour sa mémoire, mon frère ; elle