Page:Ségur - Le général Dourakine.djvu/139

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dit que vous vouliez bien nous laisser venir au salon.

Le général

Certainement, mon bonhomme ; Natasha est mon chargé d’affaires ; fais tout ce qu’elle te dira. »

Jacques ne se le fit pas répéter deux fois et entraîna Paul à la suite de Natasha. On les entendait du salon rire et jouer ; le général rayonnait ; Mme Dabrovine le regardait avec une satisfaction affectueuse ; Mme Papofski s’agitait, s’effrayait du tapage des enfants, qui devait faire mal à son bon oncle, disait-elle.

Le général, avec impatience.

Laissez donc, Maria Pétrovna ; j’ai entendu mieux que ça en Circassie et en Crimée ! Que diable ! je n’ai pas les oreilles assez délicates pour tomber en convulsions aux rires et aux cris de joie d’une troupe d’enfants.

Madame Papofski

Mais mon cher oncle, on ne s’entend pas ici, vous ne pouvez pas causer.

Le général

Eh bien, le grand malheur ! Est-ce que j’ai besoin de causer toute la soirée ? Je me figure que je suis père de famille ; je jouis du bonheur que je donne à mes petits-enfants et du calme de ma pauvre Natalie. »

Mme Papofski se mordit les lèvres, reprit sa tapisserie et ne dit plus mot pendant que le général causait avec Mme Dabrovine ; elle lui donnait mille détails intéressants sur sa vie intime des dix der-