Page:Ségur - Le général Dourakine.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et de tout leur établissement, dont elle ne pouvait se lasser, qu’elle ne put s’empêcher de se relever, d’aller embrasser sa mère, et de lui dire avec vivacité :

« Comme nous sommes heureuses ici, maman. Ma chambre est si jolie ! J’y suis comme une reine.

— J’en suis bien contente, mon enfant ; mais prends garde de t’enrhumer. Couche-toi bien vite. »

Pendant que Mme Dabrovine et sa fille préparaient leur coucher et causaient des événements de la journée, le général causait de son côté avec Dérigny, qui devenait de plus en plus son confident intime.

« Voilà une perle, une vraie perle ! s’écria-t-il. Je la retrouve comme je l’avais quittée, cette pauvre Natalie, moins le bonheur. Nous tâcherons d’arranger ça, Dérigny. J’ai mon plan. D’abord, je lui laisse toute ma fortune, à l’exception d’un million, que je donne à Natasha en la mariant… Pourquoi souriez-vous, Dérigny ? Croyez-vous que je n’aie pas un million à lui donner ?… ou bien que je changerai d’idée comme pour Torchonnet[1] ?… Est-ce que ma nièce n’est pas comme ma petite-fille ?

Dérigny

Mon général, je souris parce que j’aime à vous voir content, parce que j’entrevois pour vous une vie nouvelle d’affection et de bonheur, et parce que

  1. Voir l’Auberge de l’Ange gardien.