Page:Ségur - Le général Dourakine.djvu/327

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mane, demandez, je vous prie, à Dérigny de nous passer quelques provisions. »

Le prince s’empressa d’obéir.

Le général, riant et la bouche pleine.

Dis donc, Natasha, à présent que Romane t’apparaît dans toute sa grandeur, ne va pas le traiter comme un Jackson.

Le prince

Au contraire, mon cher comte, plus que jamais elle doit voir en moi un ami dévoué prêt à la servir en toute occasion. Ne suis-je pas à jamais votre obligé à tous ? Et j’ose espérer qu’aucun de vous n’en perdra le souvenir. N’est-ce pas, chère madame Dabrovine, que vous n’oublierez pas votre fidèle Jackson ?

Madame Dabrovine

Certainement non ; je puis bien vous le promettre.

Le général

Alors jurons tous ; faisons le serment des Horaces ! »

Le général avança son bras, un os de poulet à la main ; ses compagnons ne l’imitèrent pas ; mais ils se jurèrent tous en riant la fidélité des Horaces.

Le général

Mangez donc, sac à papier ! Il faut noyer, étouffer le passé dans le vin et dans le bon pâté que voici. Eh ! Dérigny, où avez-vous eu ce pâté ?

Dérigny

À la dernière station avant la frontière, mon général.