Le dîner fut excellent et fort gai ; on but les santés des absents et des présents. Le général calcula que le lendemain devait être le jour de la prise de possession de Gromiline par le prince Négrinski ; ils s’amusèrent beaucoup du désappointement et de la colère que devait éprouver Mme Papofski, Natasha seule la plaignit et trouva la punition trop forte.
Tu oublies donc, Natasha, qu’elle voulait nous dénoncer tous et nous faire tous envoyer en Sibérie ? Elle n’aura d’autre punition que de retourner dans ses terres, qu’elle n’aurait pas dû quitter, et de ne pas avoir ma fortune, qu’elle ne devait pas avoir.
C’est vrai, mon oncle, mais nous sommes si heureux, tous réunis, que cela fait peine de penser à son chagrin.
Chagrin ! dis donc fureur, rage. Elle n’a que ce qu’elle mérite, crois-moi. Prions pour elle, afin que Dieu ne lui envoie pas une punition plus terrible que celle que je lui inflige.