Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/123

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avoir de l’amitié pour l’Anglais, qui avait été si bon pour lui ; il comprenait que chez M. Georgey il ne serait à charge à personne, qu’il y recevrait une éducation meilleure que chez Mme Bonard. Et puis, il craignait un peu de se laisser gagner par le mauvais exemple de Frédéric et par les détestables conseils d’Alcide, qu’il ne pouvait pas toujours éviter.

Julien se borna donc à soupirer ; il remercia M. Georgey et lui promit de se tenir prêt pour le surlendemain. M. Georgey lui secoua la main, lui dit qu’il le reverrait à la foire, et s’en alla très content.

À peine fut-il parti qu’Alcide sortit du bois.

alcide.

Bonjour, Julien, tu gardes toujours tes dindons ? Belle occupation, en vérité !

— J’aime mieux garder les dindons que les voler, répondit sèchement Julien.

alcide.

Ah ! tu m’en veux encore, à ce que je vois. Ne pense plus à cela, Julien ; j’ai eu tort, je le sais, et je t’assure que je ne recommencerai pas. Viens-tu à la foire demain ?

julien.

Je n’en sais rien ; c’est comme Mme Bonard voudra. Je n’y tiens pas beaucoup, moi.

alcide.

Tu as tort : ce sera bien amusant ; des théâtres, des drôleries, des tours de force de toute espèce.

julien.

Tu ne verras rien de tout cela, toi, puisque tu n’as pas d’argent.