Me répondras-tu, oui ou non ? Tu me dis qu’il y a bonne mesure et tu fais mesurer de l’orge pour du son ? »
Bonard était en colère ; Julien, voulant éviter une semonce à Frédéric, répondit pour lui.
« Ce n’est pas la faute de Frédéric, m’sieur Bonard, c’est la mienne. Quand j’ai été au moulin, j’étais pressé ; Frédéric m’avait dit de me bien dépêcher pour que vous trouviez le son en rentrant. Ils m’ont donné un sac préparé d’avance ; il y en avait plusieurs ; ils se seront trompés, ils m’ont donné de l’orge pour du son.
Pourquoi as-tu envoyé Julien ? Pourquoi n’y as-tu pas été toi-même ? Pourquoi as-tu attendu jusqu’au soir ?
J’avais de l’ouvrage, je n’ai pas trouvé le moment.
Et pourquoi est-ce Julien qui y a été ? Tu as eu peur de te fatiguer, paresseux ! Va vite reporter ce sac et demande du son.
Mais, mon père, on va souper. Je puis bien y aller après.
Tu iras tout de suite… Entends-tu ? »
Frédéric, obligé d’obéir à son père, y mit toute
la mauvaise grâce possible ; il marcha lentement,
après avoir perdu du temps à chercher la brouette,