Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/191

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parlais à un sourd. On ne dit pas ces choses tout haut. J’ai pris, je n’ai pas volé.

frédéric.

Mais puisque tu as pris dans sa poche sans qu’il s’en doutât.

alcide.

Eh bien, je les ai prises pour empêcher un autre de les prendre. Il était ivre, tu sais bien ; il dormait et soufflait comme un buffle. Le premier mauvais sujet venu pouvait le dévaliser et peut-être même l’égorger. Ainsi, en lui vidant ses poches, je lui ai probablement sauvé la vie.

frédéric.

Ah ! je comprends. Tu veux lui rendre son argent.

alcide.

Je ne lui rendrai pas ses jaunets ; pas si bête ! Il nous avait promis de nous faire un présent, il ne nous a rien donné ; je lui ai épargné la peine de chercher ; nous achèterons nous-mêmes ce qui nous convient le mieux.

frédéric.

Mais pourquoi en as-tu mis dans la poche de Julien ?

alcide.

Pour faire croire que c’est Julien qui a dévalisé celle de l’Anglais, dans le cas où celui-ci s’apercevrait de quelque chose.

frédéric.

Mais c’est abominable, ça ! Après avoir volé Julien, tu fais une vilaine chose et tu veux la rejeter sur ce pauvre garçon !