Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/205

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nent d’arrêter au moment où ils enlevaient la montre d’un drôle d’original qui baragouine je ne sais quelle langue. On ne le comprend pas, et lui-même ne comprend guère mieux ce qu’on lui demande. »

Ils avancèrent ; Alcide se haussa sur la pointe des pieds et vit avec effroi que l’original était M. Georgey, et que les voleurs étaient ses deux aimables compagnons.

« Sauvons-nous, dit-il à Frédéric ; c’est M. Georgey et les deux gredins qui m’ont probablement aussi volé ma montre. Si l’Anglais nous voit, il va nous appeler ; nous serions perdus. »

Frédéric voulut s’enfuir ; Alcide le retint fortement.

« Doucement donc, maladroit, tu vas nous faire prendre si tu as l’air d’avoir peur ; suis-moi ; ayons l’air de vouloir nous faufiler d’un autre côté. »

Ils parvinrent à sortir de la foule ; pendant qu’ils échappaient ainsi au danger qui les menaçait, Alcide trouva moyen de couler dans la poche de Frédéric la seconde chaîne et l’or et l’argent qui lui restaient. Quand ils se furent un peu éloignés, ils pressèrent le pas.

En passant devant un café très éclairé, Alcide regarda à sa montre l’heure qu’il était.

« Onze heures ! dit-il. Rentrons vite. »

Mais au même moment il se sentit saisir au collet. Il poussa un cri lorsqu’en se retournant il vit un gendarme. Frédéric, qui marchait devant, fit une exclamation :

« Les gendarmes ! »