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Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/238

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de s’engager. C’est son père qui l’y a obligé ; il lui a donné le choix ou d’être soldat ou d’être chassé sans argent, sans asile. Il a mieux aimé partir comme soldat. »

Les yeux de Frédéric s’animèrent.

« Il a bien fait ; je voudrais bien faire comme lui.

madame bonard.

Toi ! Y penses-tu, mon pauvre enfant ? C’est un métier de chien d’être soldat.

frédéric.

Pas déjà si mauvais. On voit du pays ; on a de bons camarades.

madame bonard.

Ne va pas te monter la tête. Je ne veux pas que tu sois soldat, moi. Ton père ne le voudrait pas non plus. Pour te faire tuer dans quelque bataille !

frédéric.

Mon père ! Ça lui est bien égal. Que je vive ou que je meure, que lui importe ? Sans M. Georgey, il y a longtemps que je ne serais plus.

madame bonard.

Frédéric, ne parle pas comme ça. N’oublie pas ce qui s’était passé. »

Frédéric se tut, baissa la tête et resta triste et silencieux. Depuis sa maladie on ne le voyait plus sourire : on entendait à peine sa voix ; il mangeait peu, il dormait mal, il travaillait mollement. Jamais il ne parlait à son père ni de son père. Il évitait de se trouver avec lui et