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Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/258

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Julien lui apporta papier, plume et encre, et se mit lui-même à faire un devoir pendant que Frédéric écrivait ce qui suit :

« Mon père, je pars pour signer un engagement ; le bon M. Georgey m’ayant assuré qu’à dix-huit ans votre permission n’était pas nécessaire, je me borne à vous demander votre pardon pour le passé, votre bénédiction pour l’avenir. Je serai malheureux tant que je ne me sentirai pas remonté dans votre affection et votre estime. Je vous réponds que désormais votre nom sera dignement porté par votre fils infortuné,

« Frédéric,
« Soldat au 102e chasseurs d’Afrique. »


Il écrivit une seconde lettre au bon curé, une autre à M. Georgey, pour leur exprimer une dernière fois son repentir et sa reconnaissance ; il écrivit enfin une lettre que Julien devait remettre après son départ à Mme Bonard.

Quelque temps se passa avant le retour de M. Georgey. Il arriva enfin ; l’heure du dîner l’avait rappelé.

m. georgey.

Madme Bonarde vénir après souper des animals. J’avais dit doucement, pour pas la faire trop surpris, trop affligée. J’avais dit comme ça :

« — Madme Bonarde, vous excellente créature ; vous très douce, pas murmurant à bon Dieu. Alors j’avais à dire une chose crouelle, mais pas encore ; faut laisser habituer vous au pensée cruel. »

« Madme Bonarde avait prié, avait pleuré, avait