Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/260

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« Elle pleurait pas, elle disait :

« — Quoi encore ?

« — Rien », jé dis.

« Et puis elle mé disait j’étais oune cruel, j’avais méchanceté ; elle très colère. Moi jé disais :

« — Quoi vous avez ? J’avais fait exprès. Fridric s’en aller pour lé guerre, pour lé boulète, c’était affreux ! »

« Moi lui dire rien, c’était un tourmentement terrible ; elle croire Fridric morte.

« Pas du tout. Fridric seulement partir.

« Madme Bonarde alors content, parfaitement heureux. Vous voyez, les deux, j’avais fait parfaitement.  »

Frédéric et Julien qui, dans le commencement du récit de M. Georgey, s’étaient sentis irrités contre lui, se mirent à rire à la fin, et n’eurent pas le courage de lui reprocher d’avoir fait souffrir inutilement Mme Bonard. Frédéric le remercia même et attendit avec impatience l’arrivée de sa mère. Elle vint plus tôt qu’il ne l’espérait, parce que son mari avait été au loin pour une vente de foin qu’il devait terminer en soupant chez son acheteur. Elle demanda à M. Georgey la permission de dîner chez lui pour rester le plus longtemps possible avec Frédéric.

m. georgey.

Et votre mari, Madme Bonarde ? lui pas venir ?

madame bonard.

Non, Monsieur je n’ai pas osé lui en parler.

m. georgey.

J’étais étonné, très étonné. Master Bonarde fai-