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Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/290

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crever un jour ou l’autre. J’aime mieux une balle dans la tête que le choléra ou le typhus qu’on attrape dans vos méchantes casernes. Laissez-moi tranquille et envoyez-moi à manger ; j’ai faim. »

Le maréchal des logis lui jeta un regard de mépris et le quitta.

« J’ai faim ! » répéta Alcide avec colère pendant que le maréchal des logis sortait.

« Qu’on porte à manger à ces hommes. Du pain et de l’eau à celui-ci. Du pain et de la soupe à Bonard », dit le maréchal des logis au soldat qui l’accompagnait.

Il ajouta :

« Quel gueux que ce Bourel ! »

Dans la journée, le colonel voulut aller lui-même avec le lieutenant voir et interroger Frédéric. Ils le trouvèrent assis sur son lit et pleurant.

Le colonel, ému, s’approcha. Frédéric releva la tête, et, en reconnaissant son colonel, il se leva promptement.

frédéric.

Oh ! mon colonel, quelle bonté !

le colonel.

J’ai voulu t’interroger moi-même, mon pauvre garçon, pour pouvoir comprendre comment un bon et brave soldat comme toi a pu se mettre dans la triste position où je te trouve. Le maréchal des logis m’a raconté ce qui s’est passé pendant sa visite de ce matin. Sois sûr que si nous pouvons te tirer de là, nous en serons tous très heureux. Explique-moi comment, après ma recommandation et ta promesse, tu t’es encore réuni à ces