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Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/320

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que M. Georgey descendit de la tribune. Frédéric se jeta dans ses bras. M. Georgey l’y retint quelques instants. Le conseil se retira pour délibérer sur le sort des deux accusés ; l’attente ne fut pas longue.

Quand il rentra dans la salle :

« Frédéric Bonard, dit le président, le tribunal, usant d’indulgence à votre égard, en raison de votre excellente conduite et de vos antécédents ; eu égard à votre sincère repentir, vous acquitte pleinement, à l’unanimité, et vous renvoie de la plainte. »

Frédéric se leva d’un bond, tendit les bras vers le colonel. Son visage, d’une pâleur mortelle, devint pourpre et il tomba par terre comme une masse.

M. Georgey s’élança vers lui ; une douzaine de personnes lui vinrent en aide, et on emporta Frédéric, que la joie avait failli tuer. Il ne tarda pas à revenir à la vie ; un flot de larmes le soulagea, et il put témoigner à M. Georgey une reconnaissance d’autant plus vive qu’il avait craint ne pouvoir éviter au moins cinq ans de fer ou de boulet.

Quand le tumulte causé par la chute de Frédéric fut calmé, le président continua :

« Alcide Bourel, le tribunal, ne pouvant user d’indulgence à votre égard en raison de la gravité de votre infraction à la discipline militaire, et conformément à l’article ••• du code pénal militaire, vous condamne à la dégradation suivie de la peine de mort. »

Un silence solennel suivit la lecture de cette