Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/51

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Bonard, qui le considérait comme un fou, ne se fâcha pas des injures ni de la colère injuste de l’Anglais. Il regarda les papiers à mesure que M. Georgey les déployait, et dit avec calme :

« Il n’y a pas de mal, Monsieur l’Anglais, ce ne se sera rien ! Il ne s’agit que de faire sécher tout cela ; il n’y paraîtra seulement pas. Je vais appeler ma femme, elle vous donnera un coup de main.

l’anglais.

Arrêtez ! Moi savais pas vous étiez lé mari de Madme. Une minute, s’il vous plaisait. Jé voulais mes habits sur mes épaules et mon inexpressible sur mes jambes. Jé vous demandais des excuses, jé savais pas Madme était votre femme. En vérité, j’étais bien repenti. »

Tout en parlant, M. Georgey s’était habillé ; il attendit en grelottant l’arrivée de Mme Bonard, que son mari avait été chercher. Quand elle entra, il s’épuisa en saluts, en excuses, que n’écoutèrent ni le mari ni la femme.

« Allume vite du feu, Bonard. Ce pauvre Monsieur tremble à faire pitié. Chauffe-le du mieux que tu pourras ; moi je vais mettre des fers au feu pour sécher et repasser ses papiers, auxquels il paraît tenir. »

L’Anglais se laissa tourner et retourner par Bonard devant un feu flamboyant ; Mme Bonard repassait et repliait les papiers pendant que l’Anglais était enveloppé de la vapeur qu’exhalaient ses habits humides. Il fallut une demi-heure pour réchauffer l’homme et faire sécher ses vêtements.