Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/7

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bonard.

S’ils y étaient tous en revenant des champs, ils y seraient encore. Je vois bien que tu me fais des contes ; et prends-y garde, je n’aime pas les négligents ni les menteurs. »

Julien baissa la tête et ne répondit pas. Il rentra les dindons pour la nuit, puis il alla puiser de l’eau pour la ferme ; il balaya la cour, étendit les fumiers, et ne rentra que lorsque tout l’ouvrage fut fini. On allait se mettre à table pour souper. Julien prit sa place près de Frédéric, fils de Bonard.

Ce dernier entra après Julien.

bonard, à Frédéric.

Où étais-tu donc, toi ?

frédéric.

J’ai été chez le bourrelier, mon père, pour faire faire un point au collier de labour.

bonard.

Tu es resté deux heures absent ! Il y avait donc bien à faire ?

frédéric.

C’est que le bourrelier m’a fait attendre ; il ne trouvait pas le cuir qu’il lui fallait.

bonard.

Fais attention à ne pas flâner quand tu vas en commission. Ce n’est pas la première fois que je te fais le reproche de rester trop longtemps absent. Julien a fait tout ton ouvrage ajouté au sien. Il a bien travaillé, et c’est pourquoi il va avoir son souper complet comme nous ; autrement, il n’aurait eu que la soupe et du pain sec.