Armand supplia tant sa bonne de ne pas la tuer, qu’elle consentit à la descendre et à l’attacher à un arbre. Tous les enfants allèrent voir l’opération, qui ne fut pas longue, et ils regardèrent avec pitié la pauvre souris courir effarée à droite, à gauche, et faire des efforts désespérés pour s’échapper.
Tout à coup la souris s’arrêta comme pétrifiée ; tout son corps frémissait ; elle poussa quelques cris faibles mais aigus, sans quitter la place où elle était. Les enfants la regardaient avec surprise, ne comprenant pas ce redoublement de terreur. Il leur fut bientôt expliqué quand ils entendirent derrière eux un miaulement féroce, suivi immédiatement d’un bond prodigieux. C’était le chat de la cuisine, qui s’était approché sans bruit et qui regardait avec des yeux flamboyants la malheureuse souris, dont il comptait se régaler. En effet, avant que les enfants eussent le temps de l’arrêter, il s’était élancé sur la souris et lui avait broyé la tête. Les enfants poussèrent un cri d’horreur.
« Ma souris ! ma souris ! criait Armand.
— Pauvre bête ! Méchant animal ! » s’écriaient les autres.
Et tous se mirent à poursuivre le chat, qui emportait dans sa gueule les restes sanglants de la souris ; il avait coupé de ses dents la patte attachée au cordon, et il se sauvait devant les cris des enfants.
Il ne tarda pas à grimper le long d’une échelle