Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/178

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Pan ! pan ! Deux soufflets formidables accompagnèrent un second ordre de demander pardon et de payer.

« Non, non, jamais ! » cria encore Esbrouffe.

Une grêle de coups tomba sur la large face, le gros dos, les larges épaules, le ventre rebondi d’Esbrouffe, qui hurlait, criait, jurait, menaçait en vain. Enfin, vaincu par la douleur, il dit d’une voix enrouée :

« Pardon, pardon, je payerai ! »

À l’instant même il se sentit à terre et délivré des griffes qui le tenaient. Il regarda autour de lui avec effroi et, ne voyant rien que la mère Sanscœur, qui regardait cette scène avec un étonnement comique, il se rassura, rajusta son habit, sa cravate, passa la main dans ses cheveux et voulut sortir. Un coup de pied violemment appliqué au-dessous de la chute des reins le renvoya au milieu de la chambre.

« Paye ! entendit-il à son oreille.

— Non, c’est une volerie, c’est une… Aïe ! aïe ! au secours ! » cria-t-il en sautant et courant autour de la chambre.

C’est qu’un nombre infini de coups de pied le faisaient gambader et courir plus vite qu’il n’aurait voulu. Brisé, moulu, il tomba à terre en criant : « Je payerai ! »

Les coups avaient cessé ; il chercha à se relever, mais une force extraordinaire le retint à terre, et la voix lui dit :

« Tu ne seras libre que lorsque tu auras payé. »