Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pierre.

Je vais prendre de la fleur d’oranger pour lui en faire boire quelques gouttes.

La maman.

Que peut faire la fleur d’oranger contre un chagrin ? La meilleure consolation sera de lui témoigner notre amitié.

Pierre.

C’est vrai, maman ; pourtant, Henri l’embrasse, et cela ne la console pas.

La maman.

Non, pas dans le premier moment ; mais plus tard, ce sera un grand soulagement à sa peine. »

Ils arrivent chez la nourrice ; elle sanglote toujours en embrassant Henri qui pleure autant qu’elle.

La maman.

Vous avez donc reçu une bien triste nouvelle, pauvre nourrice ? Est-ce de votre mari, de vos enfants ?

La nourrice, sanglotant.

Non, madame… C’est…, c’est… de mon père.

La maman.

Votre père est-il malade ?

La nourrice.

Non… madame… c’est… ma mère.

Pierre, avec émotion.

Ta mère est malade ?

La nourrice.

Morte, mon enfant ! Morte en deux heures, d’une attaque d’apoplexie. »