Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/262

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« Mon enfant ! mon enfant ! j’ai perdu mon enfant ! »

Tout le monde se précipite de ce côté ; la femme criait :

« Paul ! Paul ! mon petit Paul, où es-tu ? »

Tout à coup on entend dans la foule une petite voix étouffée qui répond :

« Maman ! au secours ! on m’entraîne… »

Les personnes qui se trouvent du côté où cette petite voix se faisait entendre voient un homme à barbe noire qui avait l’air d’un diable et qui cherchait à s’échapper, entraînant avec lui un petit garçon de trois ou quatre ans. On crie de tous côtés :

« Arrêtez le voleur ! Ôtez-lui l’enfant ! »

Les gardiens accourent ; l’homme voit qu’il va être pris, il lâche l’enfant et se rejette au milieu de la foule, espérant pouvoir s’y cacher, mais les gardiens le poursuivent ; il court d’un côté, de l’autre, partout il les voit qui lui barrent le passage : il s’élance sur le petit mur des ours et veut passer d’un côté à l’autre en longeant le mur ; son pied glisse, il trébuche ; il manque de tomber dans la fosse, se raccroche à moitié chemin au mur, appelle au secours ; un gardien accourt, lui tend son mouchoir ; au moment où l’homme va le saisir, l’ours avance vers lui, se dresse sur ses pattes de derrière et grogne violemment ; l’homme a une telle peur qu’il lâche le mur et le mouchoir et qu’il tombe dans la fosse ; l’ours est si étonné qu’il reste immobile ; l’homme se relève et demande qu’on lui jette un couteau ou une arme quelconque pour se