Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/280

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« Je voudrais un nid comme Modeste », cria-t-elle.

Aussitôt un page entra et présenta à Insatiable un nid tout semblable qu’on venait d’apporter pour elle.

« Je veux un second nid. »

Un autre nid fut apporté de la même manière.

« Je veux le nid de Modeste », s’écria-t-elle.

Mais pour le nid, comme pour le gâteau, elle ne put le saisir.

Plusieurs fois de pareilles scènes se renouvelèrent. Insatiable, habituée à voir tous ses désirs satisfaits, entrait dans des colères effroyables devant la moindre résistance, et comme c’était toujours avec sa sœur qu’elle éprouvait ces contrariétés, elle la prit en haine et dit à la reine de chasser Modeste, qui la tourmentait sans cesse.

La reine ordonna que Modeste fût emmenée dans un château éloigné. La nourrice qui avait élevé Modeste fut chargée de l’accompagner dans sa nouvelle demeure avec une suite nombreuse.

Modeste voyait que sa mère ne l’aimait pas, elle souffrait du caractère méchant de sa sœur, et elle partit sans regret. Le château qu’elle devait habiter était charmant ; il y avait à côté une ferme où Modeste passait une partie de sa journée avec les vaches, les moutons, les poulets, dindons et oisillons de toute espèce. Elle y vivait heureuse avec sa bonne, qu’elle aimait, et sa sœur de lait, qu’elle aimait plus encore ; elle recevait souvent