Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/290

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Marguerite.

Non, non, tu as un air grave comme si tu allais nous juger et nous condamner.

Léonce, gaiement.

En effet, je vous condamne à entendre mon histoire, après vous avoir jugés dignes de l’écouter.

Élisabeth.

Ah, ah, ah ! très joli ! Nous écoutons.

Léonce.

Il y avait une famille qui vivait en Russie dans une belle et agréable province du Midi : cette famille n’était pas nombreuse ; il y avait le père, la mère, trois fils, deux filles et une sœur imbécile.

Sophie.

Tu appelles cela pas nombreux ? Combien t’en faut-il donc ?

Léonce.

Sophie, Sophie, j’ai dit de ne pas m’interrompre… J’appelle cette famille peu nombreuse pour la Russie ; car, dans ce pays, il arrive souvent qu’une famille est composée de douze ou de quatorze enfants.

Henriette.

Ah ! quelle bêtise !

Léonce.

Pas bêtise du tout, puisque j’ai une tante russe qui a eu dix-sept enfants. Voyons ! silence à présent ! Cette famille devait aller en Lithuanie pour passer quelques mois près d’un vieux grand-père très malade.