Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/317

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raconter. Je savais bien que je ne savais pas. C’est votre faute à tous ; vous m’avez forcée quand je ne voulais pas.

Jacques.

Sophie, pourquoi fais-tu de la peine à cette pauvre Henriette, qui a fait de son mieux, et dont l’histoire nous a beaucoup amusés ?

Sophie.

Elle m’interroge. Que veux-tu que je fasse ? Veux-tu que je mente ?

Madeleine.

Non ; mais tu pouvais juger moins sévèrement. Moi aussi, l’histoire de Poucette m’a amusée.

— Et moi aussi, moi aussi », dirent Marguerite, Valentine et Jeanne. Camille, Pierre, Léonce et Louis ne disaient rien et restèrent immobiles pendant que les autres entouraient Henriette, la consolaient et l’embrassaient, repoussant Sophie et la traitant de méchante. Sophie les regardait d’un air moqueur, et dit enfin, en levant les épaules :

« Aurez-vous bientôt fini vos simagrées ? Est-ce bête de faire tant d’efforts pour consoler Henriette, qui pleure parce qu’elle est vexée de n’avoir pas fait une histoire très spirituelle !

— Méchante ! mauvaise ! veux-tu te taire ? s’écrièrent les enfants avec indignation.

Sophie.

Demande à Camille, à Léonce, à Pierre et à Louis s’ils trouvent que j’ai tellement tort et que vous ayez si fort raison. »

Jacques se retourna, et, voyant le silence et l’immobilité