Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/35

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Pierre.

Parce que la pauvre nourrice a perdu sa mère.

Louis.

Perdu sa mère ? Comment l’a-t-elle su ? Qui le lui a annoncé ?

Pierre.

C’est par une lettre de son père, qu’elle l’a appris ce matin.

Jacques.

Je parie que ce n’est pas vrai. C’est une méchanceté de Jules et de Nicolas.

La maman.

Jacques, mon enfant, ce que tu dis là n’est pas bien. Comment Jules et Nicolas auraient-ils inventé une méchanceté pareille.

Louis.

Justement, ma tante, nous venions vous dire qu’ils ont parlé hier d’un tour à jouer à la pauvre nourrice ; ils appellent cela un poisson d’avril, et nous avons refusé de le faire avec eux.

La maman.

Mais pourquoi auraient-ils causé un si grand chagrin à la nourrice, qui ne leur a jamais rien fait ?

Jacques.

Ils veulent la punir d’avoir emmené mes cousins des Tuileries à l’heure où l’on joue le mieux.

La maman.

Ce serait abominable. Venez chez la nourrice, mes enfants ; je verrai si la lettre est marquée de la poste de Meaux, où demeure son père. »