Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/373

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toutes ses forces ; il ne voulait pas avancer, il se faisait traîner, il se débattait en hurlant plaintivement et en regardant les enfants comme pour implorer leur secours. Les enfants, obligés de céder, étaient très affligés de perdre Caprice : les uns se détournaient pour ne pas voir la lutte du chien et du maître ; les autres regardaient avec les yeux pleins de larmes. Le maître, voyant ses efforts inutiles pour se faire suivre de Brillant, tira de sa poche un fouet de chasse et lui en donna plusieurs coups ; le pauvre Brillant hurla, gémit, jeta sur les enfants un dernier regard d’adieu et suivit son ancien maître, non sans se faire tirer assez fortement ; quelques coups de fouet le firent marcher plus vite. Le monsieur remonta à cheval et partit au trot ; les enfants restèrent consternés.

« Méchant homme ! s’écria Valentine.

Sophie.

Vous auriez tous dû vous jeter sur lui et le chasser.

Pierre.

Nous ne le pouvions pas. Il avait le droit de reprendre un chien qui lui appartenait ; d’ailleurs il était le plus fort et nous n’aurions réussi qu’à faire maltraiter ce pauvre Caprice, qui ne se souciait pas du tout de retourner avec son ancien maître.

Jacques.

Pauvre Caprice ! comme il va être malheureux avec ce méchant homme !

Les enfants eurent beau se lamenter, il fallut bien qu’ils se résignassent à perdre ce chien auquel