Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/70

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bougeait pas. Sophie le caressa tout doucement, baisa ses petites pattes roses, et proposa à Arthur de le coucher dans le lit de sa poupée. Ils l’emportèrent chez leur bonne ; Arthur le posa doucement dans le petit lit, et Sophie le couvrit avec la couverture de sa poupée. Léonce les suivit en se moquant d’eux et se mit à faire du bruit en renversant les chaises et les joujoux.

Sophie.

Finis donc, Léonce ; tu vas l’éveiller !

Léonce.

Le grand malheur quand il s’éveillerait ! »

Et il redoubla son tapage, secouant les casseroles et la vaisselle de Sophie, et battant du tambour d’Arthur. Sophie se jeta sur la boîte de ménage pour la lui arracher. Arthur saisit son tambour, Léonce leur distribua quelques tapes. Sophie et Arthur se mirent à crier ; Bijou s’éveilla et, voyant une bataille, s’élança sur Léonce et lui mordit les jambes ; Léonce lui donna des coups de pied, qui heureusement ne l’atteignirent pas, mais qui le rendirent plus furieux ; il se mit à japper, à se jeter sur son ennemi, qui commençait à avoir peur et à se sauver derrière les meubles ; Sophie et Arthur battaient des mains et riaient aux éclats en criant :

« C’est bien fait ! Cela t’apprendra à réveiller Bijou ! »

La bonne, trouvant Léonce assez puni, se plaça devant lui et chercha à calmer Bijou. Il se laissa prendre ; mais, aussitôt que Léonce faisait mine