Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tombe, heureusement pour lui, dans une petite baignoire pleine d’eau que la bonne avait préparée pour faire un savonnage. Le feu s’éteint aussitôt ; Bijou sort de la baignoire tout fumant, se secouant et criant encore un peu.

Mais ce fut au tour d’Arthur de crier ; le feu avait pris à son tablier pendant qu’il retenait dans ses bras Bijou enflammé ; ses manches, son pantalon commençaient à brûler et à pétiller ; ses bras et ses cuisses commençaient à griller. La bonne accourut à ses cris. Le voyant en flammes, elle le saisit et le plongea dans la baignoire qui avait déjà sauvé Bijou. Le feu s’éteignit immédiatement, mais les bras et les cuisses avaient quelques brûlures. La bonne les bassina avec de l’eau-de-vie et les enveloppa de ouate imbibée d’eau-de-vie, ce qui enleva promptement la douleur et empêcha les cloches et les plaies.

Léonce s’était échappé au premier cri de Bijou et d’Arthur ; il rentra dans sa chambre, effrayé de ce qu’il avait fait, et craignant que sa vengeance contre Bijou ne tournât contre lui-même, ce qui ne manqua pas d’arriver. Arthur raconta en pleurant à sa bonne ce que lui avait dit Léonce ; elle devina la méchante intention de ce mauvais garçon. Quand le papa et la maman rentrèrent, ils furent désolés en apprenant l’accident qui aurait pu devenir si terrible. Le papa fit venir Léonce ; il entra et resta tremblant à la porte en voyant le visage sévère de son père.

« Approchez, monsieur… Plus près, plus près. »