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LES MALHEURS DE SOPHIE.

« Pauvre Paul, pensa-t-elle, comme j’ai été méchante pour lui ! Comment faire pour qu’il ne soit plus fâché ? Je ne voudrais pas demander pardon ; c’est ennuyeux de dire : « Pardonne-moi… ». Pourtant, ajouta-t-elle après avoir un peu réfléchi, c’est bien plus honteux d’être méchant ! Et comment Paul me pardonnera-t-il, si je ne lui demande pas pardon ? »

Après avoir un peu réfléchi, Sophie se leva, alla frapper à la porte du cabinet où s’était enfermé Paul, mais cette fois pas avec colère, ni en donnant de grands coups de poing, mais doucement ; elle appela d’une voix bien humble : « Paul, Paul ! » Mais Paul ne répondit pas. « Paul, ajouta-t-elle, toujours d’une voix douce, mon cher Paul, pardonne-moi, je suis bien fâchée d’avoir été méchante. Paul, je t’assure que je ne recommencerai pas. »

La porte s’entr’ouvrit tout doucement, et la tête de Paul parut. Il regarda Sophie avec méfiance :

« Tu n’es plus en colère ? Bien vrai ? lui dit-il.

— Oh non ! non, bien sûr, cher Paul, répondit Sophie ; je suis bien triste d’avoir été si méchante. »

Paul ouvrit tout à fait la porte, et Sophie, levant les yeux, vit son visage tout écorché ; elle poussa un cri et se jeta au cou de Paul.

« Oh ! mon pauvre Paul, comme je t’ai fait mal ! comme je t’ai griffé ! que faire pour te guérir ?

— Ce ne sera rien, répondit Paul, cela passera