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LES MALHEURS DE SOPHIE.

Maman va s’en apercevoir dès qu’elle ouvrira la boîte ; elle devinera que c’est moi. Que faire, que faire ?… Je pourrais bien dire que ce n’est pas moi ; mais maman ne me croira pas… Si je disais que ce sont les souris ? Précisément, j’en ai vu une courir ce matin dans le corridor. Je le dirai à maman ; seulement je dirai que c’était un rat, parce qu’un rat est plus gros qu’une souris, et qu’il mange plus, et, comme j’ai mangé presque tout, il vaut mieux que ce soit un rat qu’une souris. »

Sophie, enchantée de son esprit, ferme la boîte, la remet à sa place et descend du fauteuil. Elle retourne au jardin en courant ; à peine avait-elle eu le temps de prendre sa pelle, que Paul revint.

paul.

J’ai été bien longtemps, n’est-ce pas ? c’est que je ne trouvais pas mes souliers ; on les avait emportés pour les cirer, et j’ai cherché partout avant de les demander à Baptiste. Qu’as-tu fait pendant que je n’y étais pas ?

sophie.

Rien du tout, je t’attendais ; je jouais avec l’eau.

paul.

Mais tu as laissé le bassin se vider ; il n’y a plus rien dedans. Donne-moi ta pelle, que je batte un peu le fond pour le rendre plus solide ; va pendant ce temps puiser de l’eau dans le baquet.

Sophie alla chercher de l’eau pendant que Paul travaillait au bassin. Quand elle revint, Paul lui rendit la pelle et dit :