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LES MALHEURS DE SOPHIE.

sophie.

Mais pourquoi a-t-il été dans ce buisson pour y mourir de faim ?

madame de réan.

Les mauvais garçons l’ont peut-être jeté là après l’avoir battu. D’ailleurs il n’a pas été si bête d’être resté là, puisque vous avez passé auprès et que vous l’avez sauvé.

paul.

Quant à cela, ma tante, il ne pouvait pas deviner que nous passerions par là.

madame de réan.

Lui, non ; mais le bon Dieu, qui le savait, l’a permis afin de vous donner l’occasion d’être charitables, même pour un animal. »

Sophie et Paul, qui étaient impatients de revoir leur chat, ne dirent plus rien et retournèrent à la cuisine, où ils trouvèrent Beau-Minon profondément endormi sur la cendre chaude. Le cuisinier avait mis près de lui une petite jatte de lait ; il n’y avait donc rien à faire pour lui, et les enfants allèrent jouer dans leur petit jardin.

Beau-Minon ne mourut pas ; en peu de jours il redevint fort, bien portant et gai. À mesure qu’il grandissait, il devenait plus beau ; ses longs poils blancs étaient doux et soyeux ; ses grands yeux noirs étaient brillants comme des soleils ; son nez rose lui donnait un petit air gentil et enfantin. C’était un vrai chat angora de la plus belle espèce. Sophie l’aimait beaucoup ; Paul, qui venait très